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Le Carnet de l’histoire de la justice,es crimes et des peines  développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

Aujourd’hui l’abeille criminelle à l’honneur d’interviewer un journaliste et pas celui de la rubrique des « chiens écrasés » : Jean-Paul Croizé est un ancien chroniqueur scientifique au Figaro, à présent auteur de romans.

Pour notre 377ème portrait du jour, nous accueillons avec infiniment de plaisir Jean-Paul Croizé.

Né à Paris où il a exercé son métier de journaliste scientifique pendant près de 40 ans au Figaro, Jean Paul Croizé a publié plusieurs livres techniques ou politiques avant de se lancer dans l’écriture de romans à caractère psychologique. L’auteur aime se livrer aux études de caractères, tout en peignant les endroits qu’il apprécie comme le montrent ses ouvrages édités chez Les Editions Ovadia…

Portrait de Jean Paul, réalisé par notre amie Valerie Valeix, notre abeille criminelle préférée.

https://criminocorpus.hypotheses.org/57625

Bienvenue Jean-Paul sur le très prisé et discret carnet Criminocorpus. Ph. P

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Née dans les Yvelines en 1971, passionnée d’Histoire, V. Valeix a été membre de la Fondation Napoléon. À la suite d’un déménagement en Normandie, intéressée depuis toujours par l’apiculture (son arrière-grand-père était apiculteur en Auvergne), elle fonde les ruchers d’Audrey. Elle s’engage alors dans le combat contre l’effondrement des colonies, la « malbouffe » et dans l’apithérapie (soins grâce aux produits de la ruche).Elle eut l’honneur d’être amie – et le fournisseur de miel – de sa romancière favorite, Juliette Benzoni, reine du roman historique, malheureusement décédée en 2016. Cette dernière a encouragé ses premiers pas dans l’écriture « apicole »…

Bonjour Jean-Paul, peux-tu évoquer ton parcours en quelques lignes ?

Etudes secondaires et école d’ingénieur à Paris, service militaire puis entrée directe au Figaro ou j’ai effectué toute ma carrière journalistique, du rang de rédacteur stagiaire jusqu’à celui de chroniqueur en passant par celui de reporter puis grand reporter, le tout en étant spécialisé dans le domaine scientifique, avec une prédilection pour le spatial, l’atronomie et le nucléaire, ce qui m’a par exemple permis d’être le premier journaliste occidental à avoir le droit de me rendre sur le site de Tchernobyl, trois ans après l’explosion…

Quand l’écriture est-elle devenue une évidence pour toi ?

Je ne sais pas. Depuis toujours me semble-t-il, avant même d’avoir appris à lire peut-être. A dix ans, je m’amusais déjà à écrire des romans de science-fiction.

Ton dernier livre « La jeune fille de la ferme » explore la palette des sentiments, un grand centre d’intérêt pour toi. Tu n’as jamais été tenté de t’inspirer de ta carrière de journaliste spécialisé ou bien as-tu des « comptes à régler » avec le passé, l’écriture est souvent expiatoire …

Quand j’exerçais dans un grand journal comme « Le Figaro », il me fallait être extrèmement rigoureux. Surtout pour l’information scientifique. Pas question de se tromper sur un chiffre, sur une formule chimique. J’ai fait extrèmement attention à ce que j’écrivais. C’était souvent du stress, des vérifications difficiles, parfois impossibles quand l’heure du bouclage arrivait. C’est peut-être là qu’il y aurait un compte à régler, avec l’exactitude dûe à l’information. Avec mes romans, j’écris ce que je veux. Je suis libre…

Pour le reste, je n’ai pas besoin de ma carrière pour trouver l’inspiration. Je déborde toujours d’idées. Ma passion pour l’exploration du sentiment humain remonte à bien longtemps, elle s’est exercée en dehors de ma carrière tournée vers les sciences « dures », par des travaux personnels sur la psychologie. J’ai toujours été fasciné par l’âme humaine, ce qui se passe dedans…

Qu’est-ce qui est source d’inspiration pour toi ? La Nature ? Un prélude de Bach ? Autre ?

Tout peut m’inspirer à un moment ou à un autre. Un morceau de musique qui me prend, un beau paysage, surtout en bord de mer, ou n’importe quoi d’autre, une personne qui me touche lorsque je la regarde passer alors que je suis assis à une terrasse de bistrot. Je la suis des yeux, je me demande qui elle est, quel est son destin. Je bâtis un rêve, et cela peut suffire à en faire un personnage de roman.

As-tu des manies d’écrivain ?

Pas beaucoup, prendre quelques notes sur un petit carnet, ou alors utiliser toujours la même mise en page sur mon ordinateur. Peut-être aussi écrire ce qui me vient, sans trop me soucier du déroulé de l’histoire, plutôt pour garder un passage que je viens d’imaginer, et que je veux garder sans encore très bien savoir où je le caserai dans le livre le moment venu. Sinon, je peux aussi bien écrire le matin que le soir, dedans que dehors.

Envisagerais-tu une carrière de journaliste consultant pour un canard local ?

Non, cela ne me tente guère. A moins d’avoir une chronique à moi, avec laquelle je pourrais écrire ce que je veux, et quand je veux. Mais même ainsi, j’aurais très peur que cela devienne une corvée. Je me contente de faire le consultant scientifique pour France-Bleu Normandie de temps en temps, cela m’amuse…

Quelle rencontre avec une personnalité a été déterminante ou marquante ?

J’ai eu la chance de « couvrir » en tant que journaliste l’âge d’or des activités spatiales, en particulier la naissance de la navette américaine, la naissance et le développement d’Ariane. Cela m’a donné l’occasion de rencontrer un grand nombre de chercheurs et d’ingénieurs de très haut niveau, tous plein d’humilité, qui m’ont montré la même chose : si l’on veut réussir, il travailler, travailler encore, travailler toujours. Et ils m’ont fait garder à l’esprit qu’une réussite ne se fait pas en un jour. Il faut être patient. Si je citais une ou deux de ces personnes, ce serait au détriment d’autres, tout aussi formidables, alors c’est difficile. Mais s’il en faut deux ou trois, alors je rends hommage à John Young, un des douze terriens à avoir marché sur la Lune, avec qui j’ai eu la chance de bavarder au Centre spatial Kennedy. Je salue également Hubert Curien, l’humilité et la gentillesse faite homme, qui a été patron du Centre National d’Etudes Spatiales, Ministre de l’environnement, et aussi, sans doute surtout, le vrai père d’Ariane à mes yeux. Dans un domaine voisin, j’ai également été très impressionné par deux personnes avec lesquelles je suis toujours en relation : Jean Loup Chrétien, notre premier astronaute. Et Claudie Haigneré, la seule femme astronaute française, incroyable scientifique, médecin, neurologue, ingénieur, que ses amis surnomment affectueusement « Bac + 22 » tant elle a fait d’études…

Je te sais très engagé dans la cause animale avec ton épouse, cet engagement pourrait-il conduire à l’écriture d’un roman en faveur de cet engagement ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour, mais pourquoi pas un jour. Cela pourrait être une nouvelle étude de caractère, avec un héros qui se dirait « plus je regarde les hommes et plus j’aime mes chats ».

Vous vivez avec une demie douzaine de chats, certains possesseurs de minous disent qu’ils en retirent une certaine sagesse, dirais-tu comme eux ?

Sagesse, peut-être, mais ce que je retire surtout de la fréquentation de nos chats, c’est l’indépendance. Je les admire nos matous, qui font ce qu’ils veulent, quand ils veulent, sans jamais venir se faire câliner quand ils n’en ont pas envie, alors qu’ils nous aiment, c’est tellement évident à d’autres moments, et pas seulement quand ils ont faim, comme l’affirment les mauvaises langues. Nos chats me confirment une chose qui me paraît évidente : un véritable ami, c’est celui qui comprend que l’on ait pas envie de le voir à certains moments.

Peux-tu nous parler de ton dernier roman ?

Une histoire d’amour, comme dans les précédents, qui, cette fois ci, démarre entre deux enfants, et se magnifie à l’adolescence, jusq’à ce que la vie adulte vienne essayer de les séparer. Comment cela se temine-t-il ? Je vous invite à lire pour le savoir. Ce que je peux dire, c’est que ce livre a constitué pour moi l’occasion d’étudier de nouveau certains sentiments humains, certains très noirs, d’autres généreux. J’ai aussi voulu montrer ce que peut être la fidélité, au delà du quotidien.

Quels sont très projets éditoriaux, rester dans le sentimental ou bien prendre le risque de faire quelque chose de très différent, polar, fantastique, roman noir ?

Christine Lebel : des romans pleins d’aventures et de mystères

Je compte rester dans le sentimental. Peut-être un polar, un jour, pour m’amuser. Sinon, en projet, mais pour l’instant non abouti, l’idée d’écrire à quatre mains avec Christine, mon épouse, des ouvrages didactiques pour les enfants, avec une petite fille qui poserait des questions candides à un tonton savant, du genre « dis Tonton, pourquoi le ciel est bleu et pas noir, ou jaune »…

Quel est ton auteur préféré ?

Je ne sais pas, il y en a tellement qui me font du bien quand je me plonge dans leurs écrits. Cela va d’Albert Camus dont la sagesse m’apaise à Frédéric Dard donc la faconde San-Antionesque me rince l’esprit. J’ai aussi deux philosophe qui m’accompagnent souvent, même si je ne les relis pas tous les jours : Alain, avec ses « Propos sur le bonheur » et Roland Barthes pour ses « Fragments d’un discours amoureux »

Merci Jean-Paul Croizé pour cet échange instructif.

 

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Philippe Poisson, gestionnaire du carnet criminocorpus, anime la rubrique « Portrait du jour ».

Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet  de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc.  Cette rubrique est animée par Philippe Poisson, membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville, directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

Directeur du CLAMOR, Marc Renneville est historien des sciences spécialisé sur les savoirs du crime et du criminel, directeur de recherche au CNRS.

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Les repères et les outils proposent des données et des instruments d’exploration complémentaires visant à faciliter les études et les recherches.

Nos autres sites : REVUE et le BLOG D’ACTUALITÉS

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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