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Portrait du jour : Gilbert-Djebel Noguès, mélomane, peintre, caricaturiste et désormais écrivain ...

 Réactualisation portrait du jour "Culture et Justice" - En attendant de publier ce portrait  dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Gilbert-Djebel Noguès

"Culture et Justice" carnet reçoit avec infiniment de plaisir Gilbert-Djebel Noguès.

Après plus de trente années passées à publier les textes et les images des autres, G.D. Noguès, touche à tout inconditionnel – le cinéma, la bande dessinée, le dessin d’humour ou d’actualité, les costumes et les décors pour le théâtre – ajoute avec l’écriture, une nouvelle corde à son arc. Ses deux premiers roman, Gaz in Marciac, et Pas d’orchidées pour Miss Armagnac sont parus dans la même collection.

Sous le pseudonyme de Djebel, il est aussi reconnu comme artiste plasticien et expose régulièrement ses œuvres.

G.D. Noguès vit et travaille depuis à Marciac.

Bienvenue Gulbert sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P

 

L’interviewer : Comme ça, votre histoire avec le livre remonte à loin ?

Moi : J’ai toujours baigné dans la lecture et pourtant il n’y avait pas de livre chez moi. Dans ma famille, on ne lisait pas… enfin très rarement.

L’interviewer : Attendez, là je ne comprends pas ?

Moi : Ben c’est pourtant simple, il n’y avait pas de livre et pourtant je lisais !

L’interviewer : Vous… vous lisiez ?

Moi : Je lisais dans ma tête, je me racontais des histoires, je me faisais de romans, j’étais le héros, j’étais le gendarme (pas souvent), j’étais le voleur (plus souvent).

L’interviewer : Ah, je comprends mieux ! Je suppose que c’est ça qui vous a amené à l’écriture.

Moi : Tout dépend de quelle écriture vous voulez parler !

L’interviewer: Soyez plus clair ?

Moi : Clair, c’est presque le bon mot. En fait c’est claire qui convient le mieux. La Ligne Claire. Tintin, Spirou, l’école belge.

L’interviewer: Oui mais là vous me parlez de BD ?

Moi : Et alors ! La BD ne serait pas de la lecture ?

L’interviewer : Donc ?

Moi: Donc, j’ai commencé par gribouiller des “petits miquets”. Et j’ai publié mon premier journal à l’âge de dix ans. Ça ressemblait à un dazibao, vous savez ces journaux muraux que les citoyens chinois affichaient sur les murs. Le mien traitait de la vie de l’immeuble, des petites embrouilles entre locataires. Je les caricaturais, je les mettais en scène dans des histoires et des aventures picaresques.

L’interviewer: Et les résidents de l’immeuble, ils voyaient ça d’un bon œil.

Moi : Hum, pas toujours ! Faut dire qu’à cette époque je feuilletais, en douce, chez le buraliste du coin Hara-Kiri que le professeur Choron et son équipe venaient de lancer. Et c’est là que je puisais une partie de la férocité que je déployais à l’encontre de mes voisins.

L’interviewer: Et ils ne vous grondaient pas ?

Moi : Ben, non ! Il suffisait de ne pas se faire prendre quand j’affichais.

L’interviewer: Et cela a duré longtemps ?

Moi : Juste le temps que ma mère découvre le pot aux roses et me fasse goûter le plat de sa main. Mais ça ne m’a pas guéri et j’ai recommencé au lycée, en 70. Pareil, un dazibao. Le Kamikaze, c’était son nom. Et sa ligne de conduite : le journal qui descend en flammes.

L’interviewer: Racontez ?

Moi : Le journal, enfin la feuille de bristol sortait chaque semaine, le mercredi. Elle était affichée sous le préau du lycée Berthelot de Toulouse. On y trouvait une multitude d’anecdotes sur la vie du lycée et surtout sur les bourdes des profs. C’était très potache, mais parfois très acerbe. Ça m’a valu quelques rappels à l’ordre de la part du proviseur (qui aimait bien) du surveillant général (qui n’appréciait pas la caricature que je faisais de lui) mais le journal n’a jamais été interdit.

L’interviewer: Tout ça c’est bien joli, mais parlez-moi de vos débuts dans l’écriture de romans.

Moi : On va y venir, vous allez voir. Mais avant il faut vous dire que j’ai un peu tripoté dans tous les domaines.

L’interviewer: Vous n’allez pas me faire l’étalage de toutes vos activités passées ?

Moi : Et si !

L’interviewer: Bon allez-y, comme disait un célèbre pilote de course automobile !

Moi : Je vois que vous avez de l’humour cher interviewer. Donc de la BD, des publications dans des petits fanzines. Des dessins pour des costumes pour une troupe de théâtre. Un décor pour un ballet de danse contemporaine.

L’interviewer: Là, vous allez commencer à fatiguer les lecteurs !

Moi : Si vous le dites ! Ben après tout ça, j’ai posé mon crayon, j’ai rangé ma plume et j’ai passé plus de trente ans à accompagner le travail d’édition de “dessineux” et de plumitifs en désir de publication dans une grande maison d’édition toulousaine. J’ai fait assez court, là !

L’interviewer: Mais tout ça ne me dit pas comment vous en êtes venu à écrire Gaz in Marciac 

Moi : Trois raisons cher interviewer. La retraite (avant l’âge pivot), le déménagement dans ce petit village du Gers qui voue un culte au jazz et Jean-Luc Kerebel, directeur des éditions Cairn .

L’interviewer : Kerebel ? On y vient !

Moi : Oui, Kérebel. Il venait de lancer les trois premiers titres d’une collection de polar. Il est venu m’en parler et me montrer les ouvrages. C’était pas terrible au niveau visuel. Il m’a donc proposé de “repatouiller” le concept visuel et de réfléchir à une collection.

L’interviewer: Et c’est comme ça qu’est née la collection Du noir au Sud .

Moi : Tu l’as dit bouffi !

L’interviewer : Pardon ?

Moi : Lol ! (oui, je parle le jeune). Jean-Luc souhaitait une collection installée en région avec des titres qui fleurent bon le local. Et l’idéal que le lieu du crime et l’arme du crime soient dans le titre.

L’interviewer: Un peu à la manière de Maurice Duhamel pour la Série Noire.

Moi : Tu l’as dit b… Et du coup je lui ai proposé quelques titres gersois. Trop de balles à Lannux, Ça capote à Condom, et aussi Gaz in Marciac.

L’interviewer: On y arrive ! Enfin !

Moi: Il a percuté sur ce dernier titre. « Tu vois pas qui pourrait nous l’écrire ? » Je voyais pas qui d’autre, alors je lui ai balancé, appuyé d’un revers de la main : « Ben, je vais te l’écrire ». Il m’a regardé dans les yeux. Il m’a soupesé, jaugé, examiné, reluqué. « Chiche ! Tu l’écris, je le publie »

L’interviewer: Sans blague !

Moi : Je l’ai écrit, d’une traite, en quelques semaines. Et il l’a publié en 2014.

L’interviewer : Mais tout ça ne me dit pas comment vous en êtes arrivé à diriger la collection Du noir au Sud ?

Moi : Faut vous dire que Jean-Luc Kerebel avait des ambitions pour cette collection. Et pour lui avec tout le travail que représente sa maison d’édition, il ne pouvait pas tout faire. Et quand je lui ai présenté mon deuxième polar : Pas d'Orchidées pour Miss Armagnac , il m’a proposé de prendre la responsabilité de la collection. En fait, j’ai repris le travail que je faisais avant de partir à la retraite.

L’interviewe: Et comme tout retraité, vous n’avez plus de temps pour vous ?

Moi : On n’en est pas loin. Mais j’ai quand même trouvé le moyen de co-écrire Croix blanche sur fond Blanc  avec Antoine Léger  et tout dernièrement Superman ne volera pas .

L’interviewer: Le fameux Superman ! Parlez-moi un peu de la genèse de ce polar.

Moi : En fait j’étais sur l’écriture d’une suite de Pas d'Orchidées pour Miss Armagnac  et je m’emmerdais (oui, je peux être grossier) fortement sur les rapports entre gendarmes et policiers, les histoires d’ADN, les commissions rogatoires et toute la liturgie du roman policier classique.

L’interviewer: Et il y a suffisamment de flics qui écrivent, n’est-ce pas ?

Moi: Tu l’as dit b… J’ai donc tout plaqué. J’avais relevé un entrefilet dans La Dépêche qui parlait du corps d’un homme retrouvé écrasé au pied d’un immeuble, habillé en super héros.

L’interviewer: Superman !

Moi: Superman venait de naître en se crashant au pied d’un SDF. L’anti héros par excellence, le rejeté de l’humanité, l’invisible. Ça me parlait.

L’interviewer: Et affublé d’une galerie de personnages aussi croustillants les uns que les autres.

Moi: En effet, Gus, mon SDF, va rencontrer Consuelo, volumétrique chanteuse de rue, qui vit avec Spartacus, basset artésien pétri d’arthrose et qui se déplace grâce à un patin à roulettes.

L’interviewer: Ne nous en dites pas plus. Faut en laisser un peu à découvrir pour vos futurs lecteurs.

Moi: Et vous cher interviewer, vous l’avez lu ?

L’interviewer: Ici c’est moi qui pose les questions ? Mais je peux vous dire une chose, je vous tire mon chapeau.

Moi : Euh, le chapeau c’est moi en principe !

 

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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