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http://www.ecrivains-nc.net/images/chappail.jpgA bord du voilier « Var », un ancien vaisseau de guerre devenu véritable prison flottante, les condamnés au bagne et les déportés de la Commune sont envoyés vers un pays inconnu, à 20 000 kilomètres de la France. Dans ce pays vivent des tribus Canaques qui ne se doutent pas que leur destinée va être unie à celle de ces prisonniers français…


Éditions Dualpha, 2008 Paris

 

UN CAMP AU BAGNE DE « LA NOUVELLE » EN 1878


Ne pouvant croire ce que ses yeux voyaient, le condamné Gaétan Lechantier fraîchement arrivé au Camp Brun, se demandait s'il ne vivait pas un horrible cauchemar. En effet, près de la « Tranchée du Supplice », d’autres forçats poussaient de lourds wagonnets surchargés de galets, sous la surveillance de policiers indigènes implacables qui les épiaient constamment de leurs regards sadiques. Les contremaîtres eux-mêmes se plaisaient à manier le fouet, dès lors que les surveillants militaires avaient le dos tourné et qu'un transporté* du bagne venait d'interrompre momentanément son travail pour une raison ou pour une autre. Le regard du déporté* Lechantier s’immobilisa plus loin sur un spectacle hallucinant. Serrant chacun d'une main ferme un sac rempli de pierres concassées que d'autres condamnés venaient de charger sur leurs épaules, des forçats aveugles avançaient lentement en file indienne en se guidant à l'aide d’une rambarde installée à hauteur de la main et qui leur permettait de se diriger à tâtons jusqu'au point de déchargement. Près d'eux avançaient également des forçats manchots, attelés à des tombereaux par des cordes et qui transportaient eux aussi les mêmes matériaux. En amont de ce chantier de cauchemar, étaient également réunis tous les estropiés qui ne pouvaient plus se déplacer. Positionnés autour des gros tas de pierre rassemblés à leur intention, ils étaient contraints de les briser à l'aide de massettes à manche court. Les vêtements usés et souillés de ces bagnards n'avaient plus rien à voir avec la couleur blanche, symbole de rédemption. Ils avaient pris par contre la couleur sale de la pourriture. A l'image de ce camp purgatoire, considéré désormais par tous comme le « Camp de l'abattoir » ou pire le « Camp de la mort lente »…

 

Extrait de « Chapeaux de Paille » pages 305-306

 

 

http://www.ecrivains-nc.net/images/jvmportrait.jpgJean Vanmai est né le 3 août 1940 sur la mine «Chagrin» dans la commune de Koumac.


Calédonien d’origine vietnamienne, descendant de Chân Dàng, il est le premier à faire entrer l'histoire de sa communauté dans la littérature de la Nouvelle-Calédonie. Sa notoriété vient aussi du fait qu’il fut l’un des premiers Calédoniens à se lancer dans l’écriture romanesque.


Dans un roman/document intitulé « Chân Dàng* », il raconte l’épopée souvent douloureuse des travailleurs Tonkinois employés sous contrat, sur les mines calédoniennes de chrome et de nickel dans des conditions particulièrement dures. Il écrit la suite de la saga des Vietnamiens avec « Fils de Chân Dàng* » et « Centenaire de la Présence vietnamienne en Nouvelle-Calédonie ».


Après « Nouméa- Guadalcanal » qui se situe durant la guerre du Pacifique, avec la présence de l’armée américaine en Nouvelle-Calédonie, il publie la trilogie « Pilou-Pilou » entre 1998 et 2002, afin de relater les histoires parallèles de bagnards, de kanak rebelles et de personnages issus de la population multiethnique du Territoire. Une population dont Jean Vanmai entend témoigner de la volonté de vivre ensemble avec les différentes facettes de la Calédonie d’hier et d’aujourd’hui.


Georges Olivier Châteaureynaud, président de la S.G.D.L.**, préfaça ainsi le troisième volume de cette saga :


« Jean Vanmai a reçu à profusion ce qui manque le plus aux écrivains français d'aujourd'hui: le souffle du romancier. A côté de ce coureur de fond, nombre de sprinters hexagonaux font piètre figure. C'est sans doute qu'il est porté par son sujet immense, par l'audace tranquille avec laquelle il s'y est collé, par l'opiniâtreté avec laquelle il s'y est tenu. Sa trilogie « Pilou-Pilou » s'achève sur un message humaniste d'espoir et de concorde. Les Duchenal de Jean Vanmai, frères dans leur différence, sont exemplaires et symbolisent légitimement le dilemme et la chance de leur île. En cela aussi Jean Vanmai est un bâtisseur ».

* « Chân Dang » & « Fils de Chân Dang » ont fait l’objet d’une étude universitaire par Tess Do qui vient d’être publiée par Ropodi, une prestigieuse maison d’édition académique américaine, dans un ouvrage intitulé : « Exile Cultures, Misplaced Identities”.

www.ecrivains-nc.net/ecrivplus.asp?ecriv=16

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