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http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/4/3/4/9782352160434.jpgLors de recherches généalogiques, l'auteur a découvert qu'elle avait un arrière-grand-oncle qui avait été très célèbre en son temps : Théoxène Roque de Filhol. Cette révélation l'incita à voyager sur les traces de son aïeul jusqu'en Nouvelle-Calédonie. C'est à travers les souvenirs de Jeanne, sa compagne, qu'elle fait revivre Théoxène, sur la période de 1830 à 1900.


Homme politiquement engagé, Théoxène avait des idées avant-gardistes, communes aux intellectuels de l'époque tel Victor Hugo. Maire de Puteaux, il fut injustement condamné au début de la Commune à être déporté au bagne de Nouméa : ses prises de position devenaient trop gênantes pour le pouvoir politique. Gracié après huit années, il fut élu député des Hauts de Seine, et reprit son combat au côté du peuple.


Par le biais de cette biographie, Françoise Beïs-Chartier rapporte fidèlement la vie parisienne de l'époque : les grands travaux entrepris par Haussmann, les mœurs, la mode, ainsi que l'horreur du bagne de Nouméa.


Extrait du livre :

1828-1850
UNE LORRAINE A PARIS


Arrivée à la capitale


Le lendemain, Maria arrive plus tôt, dès le début de l'après-midi, apportant les travaux de passementerie qu'elle a mis en route la veille pour une cliente de Puteaux. Son premier geste est d'écarter les lourds doubles rideaux de velours vert foncé, afin d'avoir le plus de lumière possible pour travailler. Elle installe tout son petit matériel sur le guéridon d'acajou et s'assoit sur une chaise cannée en face de Jeanne, qui se repose comme la veille dans son bon fauteuil.


- Rose Carpentier a été très étonnée de votre appétit retrouvé : ce matin et ce midi, vous avez fait honneur à sa cuisine ! Elle en était toute fière !


- Ah, c'est que je t'attendais : tu vois, tu avais raison de me promettre de venir et de me parler de la Lorraine. J'ai même rêvé cette nuit de mes deux sœurs : l'aînée, Marie, me souriait... elle n'avait pas changé : elle avait encore vingt-trois ans, tandis que Julie en avait dix-sept, comme le jour où je les ai embrassées devant le relais de poste de Ay, en 1837. J'avais dix-huit ans et je partais à l'aventure !


Elles étaient toutes deux en larmes, et moi, je devais me retenir pour ne pas faire comme elles ! Mais la chose était décidée : je partais !


- Mais pourquoi vouliez-vous quitter la Lorraine ? Vous y étiez malheureuse ?


- Ah, je voulais partir ! J'avais déjà appris le métier de couturière avec mon père, qui était tailleur : il avait tenu à l'enseigner à ses trois filles.


- Pourtant, c'est de vos frères que vous me parliez souvent ?


- Oui, mais ils étaient beaucoup plus jeunes : ma pauvre maman était morte alors que je n'avais que neuf ans et mon père s'était remarié avec une autre femme qui lui avait donné deux garçons. Puis il était mort juste après mes quatorze ans, et pour nourrir toute la maisonnée, j'avais alors dû, avec ma grande sœur Marie, aller gagner de l'argent chez une couturière à Thionville, qui ne nous payait pas bien cher : même pas un franc par jour, alors que les hommes gagnaient à l'époque plus de deux francs ! Et ça ne veut pas dire que nous travaillions moins ! Il fallait rester assises à tirer l'aiguille douze, parfois quatorze heures, quand nous avions du retard sur les commandes ! J'étais sûre qu'elle gagnait beaucoup d'argent avec ce qu'elle demandait aux riches clientes de notre petite ville ...

Du bagne à l'Assemblée Nationale 
  • Essai (broché). Paru en 06/2007

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