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Dans un coin paisible du Lot-et-Garonne, entre Casseneuil, Ste Livrade, et aux alentours, au milieu des vergers et des cultures maraîchères, dans un milieu aussi éloigné que possible du bruit et de la fureur du monde moderne, vient s'abattre brutalement, au début de la seconde guerre mondiale, un orage industriel parfaitement inattendu.


On commence par expulser tous les ruraux sur une zone de cinq cents hectares, pour construire une énorme poudrerie, en faisant travailler comme des forçats des républicains espagnols en exil. Ces anciens soldats bâtissent plusieurs camps, qui vont devenir des lieux « d'accueil », souvent provisoires, pour des populations déplacées, démunies, symboles vivants de la folie des hommes.

On y parque successivement, des espagnols, des adolescents d'un chantier de jeunesse, des juifs, des soviétiques égarés, des aviateurs sans avions, des vietnamiens en transit, des indochinois et des supplétifs algériens.

Cet ouvrage raconte l'histoire, à peine croyable parfois, de tous ces êtres humains, dont le passage a laissé des traces indélébiles sur le terrain et abandonné de vieilles gens, presque oubliés aujourd'hui, dans des structures dont on a peine à croire qu'elles aient pu abriter si longtemps, des hommes et des femmes venus parfois du bout du monde et qui avaient fait confiance à la France.

 

Mario Graneri-Clavé et Juan Morente-Alvarez cosignent un ouvrage retraçant l'histoire étonnante et méconnue de la poudrerie, morte-née, de Sainte-Livrade.

Voici peu, ils avaient, de concert, écrit un ouvrage racontant la vie de la mère de Juan Morente-Alvares. Leur collaboration littéraire se poursuit, aujourd'hui, à travers la publication, aux éditions du « Bord du Lot », de l'ouvrage qu'ils ont conjointement cosigné et consacré à l'historique de la construction de la poudrerie, le long des bords du Lot, entre Sainte-Livrade et Casseneuil.

Un ouvrage architectural impressionnant, tant par ses dimensions que par la main-d'œuvre réquisitionnée à l'époque pour son édification. Ils furent en effet plusieurs centaines d'ouvriers à être réquisitionnés, dès la fin des années 30, pour travailler sur ce chantier de grande ampleur.

Parmi eux figuraient nombre d'anciens républicains espagnols. Paradoxalement, il s'agit là d'une page de l'histoire souvent méconnue. Comme en convient volontiers l'auteur et historien Mario Graneri. « Cette aventure a débuté lorsque Juan Morente m'a amené en pleine campagne, afin que je découvre cette cathédrale de béton érigée entre Casseneuil et Sainte-Livrade. Je me suis aussitôt dit qu'il y avait quelque chose à creuser. Mais je ne m'attendais pas, franchement, que ces recherches se révèlent d'une telle richesse historique », concède l'historien monflanquinois.

Car, à travers l'historique de l'édification de cette impressionnante poudrerie, Mario Graneri-Clavé et Juan Morente-Alvarez vont à la fois réveiller de douloureux souvenirs liés à cette époque trouble et révéler un lieu emblématique, chargé d'histoire.

Un État impitoyable

« Au départ, je ne m'attendais pas à une telle prospérité historique. En effet, au fil des recherches, nous nous sommes rendu compte que l'administration du régime de Vichy a utilisé ces camps pour y parquer des populations des plus variées. Y résidaient à la fois des républicains espagnols, des juifs, des chantiers de jeunesse, des Vietnamiens, des aviateurs sans avions et des Soviétiques récupérés et dont on ne savait que faire. J'ai été surpris par le nombre et la variété des populations qui ont été, à l'époque, parquées dans ces camps pour lesquels l'État s'est montré impitoyable. Ainsi a -t-il exigé l'expropriation, en septembre 1 939 et sous huit jours, de 50 propriétés couvrant 550 hectares en bordure du Lot », souligne Mario Graneri.

De cette époque troublée subsistent aujourd'hui, le long des berges du Lot, d'imposants édifices bétonnés laissés à l'abandon.

Un chantier devenu chimère

Car, paradoxalement, la fameuse poudrerie ne verra jamais le jour. Cet établissement industriel, qui devait initialement rivaliser avec d'autres infrastructures de ce type telle que la poudrerie de Bergerac, ne sera en fait jamais achevé. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale mettant un terme définitif à sa construction. Les ouvriers, qui avaient travaillé à son édification, seront, dès les années 40, mobilisés afin, paradoxalement, de détruire ce qu'ils venaient d'édifier. Une bonne part de la main-d'œuvre étrangère, ayant érigé pour rien la poudrerie de Sainte-Livrade, sera par la suite contrainte de travailler pour l'armée allemande sur l'édification du Mur de l'Atlantique.

« Dans cet ouvrage, j'ai voulu à la fois exhumer cette page historique méconnue de la plupart des Lot-et-Garonnais et montrer quel fut l'apport localement de ces diverses populations, tant sur le plan économique que sociologique », indique Mario Graneri.

À travers cet ouvrage, les deux auteurs donnent, enfin, la parole à des témoins de cette histoire. Pour autant, ils estiment que leur travail ne constitue qu'un premier pas. Celui de la parole retrouvée au bout d'années de silence et parfois de frustration. Reste un travail de fond à entreprendre en tant que chercheur historique. La voie a été ouverte par Mario Graneri et Juan Morente. À ceux qui sont sensibles à cette époque et qui peuvent être intrigués par cet épisode hors du commun de s'y pencher désormais. L'heure est au passage de flambeau.

« La Poudrerie », de Mario Granerie-Clavé et Juan Morente-Alvarez, aux éditions du « Bord du Lot » (16 euros). Les auteurs dédicaceront leur ouvrage samedi à partir de 10 h 30 à la Maison de la presse.

Villeneuve-sur-Lot · Lot-et-Garonne
L'histoire de la poudrerie dévoilée au fil des pages

http://www.sudouest.fr/2011/05/05/l-histoire-de-la-poudrerie-devoilee-au-fil-des-pages-389580-3900.php

 

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