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Document 2008 - Le procès de Nuremberg conduisit sept accusés nazis à subir des peines d’emprisonnement : Erich Raeder, l’ancien chef de la Marine de Guerre allemande (perpétuité), Rudolf Hess, l’ancien adjoint de Hitler au sein du Parti nazi (perpétuité), Walter Funk, l’ancien financier de la machine de guerre (perpétuité), Albert Speer, l’ancien architecte et Ministre de l’Armement (vingt ans), Baldur von Schirach, l’ancien chef des Jeunesses Hitlériennes (vingt ans), Konstantin von Neurath, l’ancien Ministre des Affaires Etrangères (quinze ans), et Karl Dönitz, l’ancien chef des sous-marins du Reich (dix ans).

 

Jadis pontes de l’un des régimes les plus oppresseurs et sanguinaires de l’Histoire, ils n’étaient plus, à leur transfert au sein de la prison berlinoise de Spandau en 1947, que des détenus solidement encadrés par un personnel quadripartite (Américains, Britanniques, Français, Soviétiques), soumis à un règlement passablement ahurissant, dans la mesure où, Guerre Froide oblige, il fut appliqué à la lettre. S’il ne faut pas exagérer l’inhumanité des conditions de vie des prisonniers - lesquels avaient, dans l’ensemble, fait bien pire - il y a effectivement lieu de s’interroger, à l’occasion, sur la nature de certains points dudit règlement, tels que l’interdiction absolue, pour chacun d’entre eux, d’avoir le moindre contact physique avec qui que ce soit, outre que les livres, journaux et programmes télévisés qui leur étaient accordés étaient soigneusement expurgés de tout ce qui avait trait au nazisme, à la Deuxième Guerre Mondiale et au judaïsme !

 

Dans le cadre de ce régime carcéral, les détenus bénéficièrent des services d’une aumônerie assurée par des pasteurs français. A priori, tout opposait ces derniers, pour certains anciens Résistants, à ces survivants hagards de la débâcle de 1945. Chacun de ces pasteurs, à sa manière, tenta d’établir un contact avec ces réprouvés. Grâce à Laure Joanin-Llobet, qui a mené à ce sujet une impressionnante recherche nourrie de précieuses interviews recueillies auprès de ces religieux ou de leurs familles, nous en apprenons davantage sur l’extraordinaire histoire de cette prison fantôme qu’était Spandau, cette persistance anachronique du passé au cœur de l’un des symboles de l’affrontement Est-Ouest, à Berlin.

 

Se dégagent grâce à ces témoignages des personnalités fortes. Et tout d’abord, Speer, le plus charmant (le plus charmeur ?), cultivé, soucieux de renier son passé nazi, mais sans que sa longue remise en cause personnelle ne dissipe quelques doutes quant à sa véritable nature. Mais c’est Rudolf Hess, qui passa 21 ans de sa vie isolé à Spandau de 1966 à 1987, qui se révèle ici le plus surprenant, en ce qu’à l’inverse de Speer sa mutation semble avoir été, quoique plus longue, en tous les cas véritable, au point que cet ancien adepte de Hitler aurait fini par mépriser les mouvements néo-nazis. Est-ce si sûr, néanmoins ? Au lecteur de juger, tout comme il lui appartiendra de trancher sur son décès, en 1987, très probablement un suicide en dépit de certaines rumeurs intéressées mais peu crédibles, événement auquel la journaliste française consacre quelques pages très intéressantes.

 

L’auteur ne néglige pas pour autant le contexte historique propre à la place de la prison de Spandau dans les calculs politiques des grandes puissances, des deux Allemagnes et des mouvements « revanchards » et néo-nazis, ce qui évoque souvent une atmosphère à la John le Carré, en particulier lorsque l’on apprend que les pasteurs français étaient secrètement chargés d’assurer le contact avec les milieux religieux d’Allemagne de l’Est !

 

Bref, ce livre, résultat d’une enquête longue de six années, et agrémenté de plusieurs annexes et documents, est essentiel pour tenter de comprendre la mentalité de ceux qui, avant leur procès et leur emprisonnement, firent partie du cercle dirigeant d’un système totalitaire et génocidaire, puis eurent à accepter - ou non - cette odieuse réalité dans le cadre de leur détention. Cette plongée dans les profondeurs de l’âme humaine ne saurait ainsi laisser indifférent.

http://www.histobiblio.com/Les-7-de-Spandau.html

Nicolas Bernard

Titre : Les 7 de Spandau

Auteur : Laure Joanin-Llobet
Éditeur :
Oh ! Editions
Nombre de pages : 400
Publication : septembre 2008


 

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Lien utile sur le blog

Les pasteurs aumôniers français de la prison de spandau témoignent

 

Tag(s) : #Guerre 1939 -1945 - Vichy, #Prisons anciennes
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