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http://mack1810.files.wordpress.com/2009/07/blessures_assassines.jpgUn film de Jean-Pierre Denis, 2000, mettant en scène Sylvie Testud et Julie-Marie Parmentier, respectivement dans  les rôles de Christine et Léa Papin.


Les blessures assassines


Etant en train de lire l’ouvrage de Francis Dupré « La solution du passage à l’acte. Le double crime des soeurs Papin » (Paris, Erès, 1984) consacré, comme le titre l’indique, à cette célèbre affaire criminelle qui fit les gros titres de la presse française début des années 30, je me suis demandée ce qu’il en était de ce film, que j’ai vu voilà plusieurs années, et qui une fois de plus met en balance la criminalité et la santé mentale.

D’abord le contexte…Années 30s… Le Mans, petite ville bourgeoise de France. Deux employées de maison (bonnes) tranquilles au service de la famille Lancellin depuis 7 ans, tuent sauvagement et sans raison apparente leurs employeurs (la mère et la fille) et attendent ensuite patiemment l’arrivée des gendarmes. D’emblée elles avouent leur crime, Christine Papin prenant sur elle d’être la meneuse de la boucherie, sa jeune sœur Léa n’ayant été qu’une complice obéissant à ses ordres.

Le crime des Soeurs Papin a fait l’objet de bien des débats judiciaires, médicaux et psychiatriques à l’époque, la partie plaignante ayant réussi à faire entendre ses voix (via des experts psychiatres et judiciaires) qui ont finalement conduit les sœurs a être reconnues responsables et condamnées pour Christine à la peine de mort et pour Léa à 10 ans de travaux forcés. Le contexte social, l’histoire personnelle de ces jeunes femmes, rapporté par un autre expert-psychiatre non mandaté par le tribunal, n’a apparemment jamais été pris réellement en compte par la cour et les jurés de l’époque. Subsiste des doutes non pas quant à la culpabilité des deux sœurs (elles ont toujours reconnu leurs crimes) , mais quant à leur état mental au moment des faits.

Christine fut condamnée à mort puis graciée pour une peine à perpétuité, et mourut en hôpital psychiatrique quatre ans après la tragédie. Léa retourna auprès de sa mère après dix ans de prison.

Le film de Jean-Pierre Denis s’attarde sur la condition sociale, et les relations maternelles et fraternelles que les deux sœurs ont entretenus non seulement entre elles, mais avec leur mère et leur patronne, une partie négligée lors du procès, si l’on s’en réfère au livre de Dupré. C’est l’option choisie par le cinéaste.

Clic sur le lien pour voir la BA : BA/Trailer

Différents avis et points de vue :

http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C5%93urs_Papin

http://www.psychologies.com/Planete/Societe/Articles/Les-saeurs-Papin-de-la-paranoia-au-crime

http://www.berlinale.de/external/en/filmarchiv/doku_pdf/20012178.pdf

http://www.association-freudienne.be/documents/Dedifferentesmanieres_000.pdf


Les blessures assassines

mack1810.wordpress.com/.../

22 juillet 2009



Archives de presse :
http://imstars.aufeminin.com/stars/fan/sylvie-testud/sylvie-testud-20060316-115995.jpgSylvie testud, jeu sans frontières - Portrait

Par Thierry Cheze (Studio Magazine), publié le 23/10/2000

Découverte en France l’an dernier avec Karnaval, Sylvie Testud livre une performance éblouissante dans Les blessures assassines, de Jean-Pierre Denis. Retour sur le parcours peu banal d’une actrice exceptionnelle.

Impressionnante. Impressionnante, cette froide détermination. Impressionnante, cette exploration sèche du désespoir. Impressionnante, cette faculté, rare parce que sans effets, qu'a Sylvie Testud d"incarner le sombre voyage de Christine Papin au bout de sa nuit, cette jeune femme qui, dans les années 30, assassina, avec sa sœur, leur patronne et sa fille. Les blessures assassines, qui marque le retour de Jean-Pierre Denis, treize ans après Champ d"honneur, fait partie de ces films où l'on assiste, subjugué, à la rencontre d'une comédienne avec un rôle. Et permet à Sylvie Testud de donner toute la mesure de son talent. Enfin ! Car, avant qu'elle en arrive là, le parcours de cette Lyonnaise de 28 ans n'a pas été un long fleuve tranquille.

Pourtant, tout a commencé comme un rêve d"enfant. Sylvie Testud a 13 ans lorsqu' elle découvre L"effrontée de Claude Miller. « J"ai été saisie par la magie de Charlotte Gainsbourg. J"ai alors eu envie d"avoir sa vie, de faire ce qu'elle faisait ... Un vrai déclic. En plus, à cette époque-là, j"étais constamment avec un groupe d"amies qui faisaient du théâtre. Je les faisais répéter et j'étais fascinée. » Elle part alors pour Paris, intègre la classe libre du cours Florent, puis le Conservatoire. Le hasard lui tend une première fois la main à 20 ans. « Je donnais la réplique à un ami qui cherchait un agent et ... on a été pris tous les deux ! Quelques semaines après, on m"a envoyée à un casting pour un film allemand, Marie, et j"ai été retenue. » Ce premier rôle de jeune aristocrate lui ouvre les yeux sur la nature exacte de l'art du comédien. « J"ai cru ne jamais arriver à obéir quand on me commandait un sentiment. J"ai découvert la douleur que peut générer ce métier... et le plaisir qu'on peut y prendre. »

Ce plaisir, elle le trouve peu dans les petits rôles - Couples et amants, L"histoire du garçon qui voulait qu'on l'embrasse... - que lui propose chichement le cinéma français. « Aujourd'hui, je sais que cette période a été bénéfique, car elle m'a permis de me construire. Mais, sur le moment, j'étais frustrée : je ne comprenais pas pourquoi les réalisateurs français dont j"aimais le travail n"aimaient pas le mien. » D'autant qu'elle se construit parallèlement une jolie carrière outre-Rhin (ses films sont toujours inédits ici). C'est même Wim Wenders qui a proposé à Caroline Link, la réalisatrice de Beyond Silence, de la rencontrer. Pendant les répétitions, elle doit jouer une scène où son personnage explique qu'elle ne supporte plus la surdité de son père. « Ce fut mon premier grand choc de comédienne. J'étais face à un acteur sourd. Et je devais lui dire des choses si horribles que j"ai fondu en larmes. La réalisatrice m 'a dit : « On ne te demande pas à toi de valider ce qui se dit. Tu as lu le rôle, tu l'as trouvé bien ; maintenant, c'est le personnage qui parle. » Elle a compris là l 'absolue nécessité du travail. Le sien sera récompensé de l'équivalent allemand du César de la meilleure actrice en 1997.

Karnaval lui offre son premier grand rôle en France

Malgré cette récompense, Sylvie Testud doute. « J'avais même commencé à accepter que la France soit mon lieu de vacances et l'Allemagne mon lieu de travail. » C'est alors que Thomas Vincent la choisit pour Karnaval, bien qu'elle ne corresponde pas physiquement au personnage qu'il avait imaginé. Ce beau premier film lui vaudra une nomination au César du meilleur espoir. Tétanisée avant de jouer son premier grand rôle en France, elle se souvient avoir évacué toute pression grâce à l'aide de son réalisateur et de ses partenaires. « Il y a eu une osmose totale, une chaleur hallucinante sur Karnaval. Pour la première fois, j'ai vu que je pouvais émouvoir un metteur en scène et mes partenaires. » À la sortie du film, les scénarios se bousculent. Elle choisit pourtant de ne pas enchaîner avec des films à l'univers trop proche de Karnaval. « Je choisis mes scénarios à l'instinct. La seule chose qui me bloque, c'est lorsque tout est trop défini et que je ne peux rien apporter de plus. Je ne sais pas entrer dans un moule. » C'est ainsi qu'elle s'immerge avec délice dans La captive de Chantal Akerman ou La chambre obscure de Marie-Christine Questerbert. Deux films radicaux où elle élargit encore sa palette. Et c'est avec une ferveur identique qu'elle plonge au cœur des Blessures assassines, dont le scénario la bouleverse. « Je suis quelqu'un de plutôt léger dans la vie. Qu'on me propose de jouer un personnage aussi tendu dépassait toutes mes espérances. » Pour s'y préparer, elle dévore les témoignages sur l'affaire Papin. « Dix jours avant le tournage, j'ai tout arrêté. Pour laisser cette femme vivre en moi. Sans doute ai-je pris le risque de la trahir, mais j'ai appris à l"aimer, et j'ai essayé de la défendre. »

Elle rêve de tourner une comédie avec Étienne Chatiliez

Elle se met surtout à redouter les répétitions. « Je n'arrêtais pas de me dire que si je trouvais quelque chose à ce moment-là, je ne le referais jamais aussi bien. J"avais peur de ne pas tenir cette intensité aussi longtemps et de ne pas arriver à montrer la folie qui se construit. » Le résultat est saisissant. Elle envahit ce personnage avec une violence sourde d"autant plus stupéfiante que lorsqu'on est assis en face d'elle, on est surtout impressionné par son calme et sa maturité. « Cette violence m"a surprise, moi aussi ! Je me suis fait peur, mais je suis vraiment fière du film. Mais Jean-Pierre est si doué, si respectueux, qu'on ne peut qu'aller au-delà de ses désirs. »

Les blessures assassines devrait lui ouvrir des voies encore inexplorées. « Je rêve d"une comédie. Si seulement Chatiliez pouvait m"en proposer une ... » En attendant, elle poursuit son expérience de globe-trotter, tournant un film américain face à Paul Rudd (L'objet de mon affection) et un film avec Manoel de Oliveira, Je rentre à la maison, aux côtés de Piccoli et Deneuve. Et continue de travailler en Allemagne. « Grâce à cela, je peux attendre le scénario français qui me fait vraiment envie. C'est un luxe énorme ! » Un luxe dont elle profite avec talent. Qui sait jusqu'où la conduira son rêve d"enfant ?

http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=816425&k=18



 

 

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