Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

http://www.images-chapitre.com/ima3/original/752/1360752_4605435.jpgLes Brigands Du Jorat

Auteur : Richard Garzarolli

 diteur : Age D'Homme

Date de parution : 14/02/1990

 

Ils font partie de notre folklore. Un fromage a reçu le nom de Brigand du Jorat. Une équipe d’amis a créé en 1971 la Nouvelle Compagnie des Brigands du Jorat. Ils enlèvent régulièrement des personnalités qu’ils libèrent moyennant une rançon en bouteilles de vin.

Si l’on peut se revendiquer aujourd’hui de tels prédécesseurs, c’est que les brigands du Jorat ont acquis une réputation plutôt flatteuse. Des historiens et écrivains du XIXe et du XXe siècles ont fait de ces bandits de grands chemins des pauvres diables révoltés contre l’ordre social, la religion et la domination de Berne. A les en croire, ils s’en prennent aux riches, aux puissants et ne touchent pas aux habitants du lieu. Dans l’imaginaire vaudois, ces hommes, qui ont sévi du XVe au début du XVIIIe siècles, sont des rebelles et des cousins du major Davel.

Dans sa récente livraison, un article de la Revue historique vaudoise donne un sérieux coup de canif à la réputation de ceux qui écumaient les bois. Son auteur, Lionel Dorthe, doctorant en histoire de l’Université de Lausanne, a dépouillé des sources peu ou pas utilisées: des procès-verbaux d’interrogatoires criminels conservés aux archives. L’image qui ressort de ces documents est différente du mythe.

Meurtriers

Premier choc, les brigands du Jorat ne sont pas positivement du Jorat. Ils commettent leurs méfaits également dans les forêts d’Aubonne et de la Paudèze. Pour le reste, le portrait qu’en dresse l’historien ne correspond pas à l’image d’Epinal.

La plupart du temps, ces brigands ont une autre profession, comme tisserand, couturier ou employé agricole. Plusieurs sont d’anciens soldats qui ont gardé leurs armes après la fin de leur service. Ils possèdent un logement et nourrissent une famille. Ils pratiquent occasionnellement et indifféremment le brigandage, le vol et le cambriolage. S’ils ne sont pas opulents, ils ne sont non plus des misérables.

Lionel Dorthe estime qu’ils sont « en voie de marginalisation ». Leurs rapines constituent ainsi davantage un revenu d’appoint qu’une nécessité vitale. Ils s’attaquent aussi bien à des étrangers qu’à des gens du coin et tuent souvent leur victime pour éviter d’être reconnus par la suite.

L’historien cite le cas du brigand Jean Massot, de Villars-Tiercelin, qui avec ses complices a commis six attaques en dix ans, tuant chaque fois les malheureux passants. Il est vrai qu’une fois attrapés, les brigands étaient roués vifs. En outre, les recherches de Lionel Dorthe ne fournissent aucun indice d’un soutien de la population à ces larrons. Cela s’explique: les gens du lieu sont souvent eux-mêmes victimes des bandits.

Enfin, même la révolte de ces brigands contre l’occupation du Pays de Vaud ne résiste pas à l’analyse. « Le dépouillement des sources montre que les brigands du Jorat existaient avant l’arrivée des Bernois, écrit l’historien. Ce n’est donc pas le changement de régime qui aurait occasionné un pullulement soudain de hordes de brigands. »

Lionel Dorthe, « Les Brigands du Jorat, crève-la-faim, « bandits sociaux » ou brutes sanguinaires? » Revue historique vaudoise 118, 2010, peut être commandée sur www.svha-vd.ch

Les brigands du Jorat étaient de vraies fripouilles

Histoire - Une étude s’attaque au mythe des Robins des bois vaudois, idéalisés dès le XIXe siècle.

Justin Favrod | 06.01.2011 |

http://www.24heures.ch/vaud-regions/actu-vaud-regions/brigands-jorat-vraies-fripouilles-2011-01-05

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :