Longtemps après l'exécution de Mata-Hari au polygone de tir de Vincennes, le 15 octobre 1917, le procureur Mornet devait avouer : "Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat." Pourtant, Mornet s'était prêté sans états d'âme à ce qui fut une véritable machination judiciaire... Il est vrai que Mata-Hari faisait une coupable idéale : étrangère, cosmopolite, affichant une liberté de moeurs et des goûts de luxe propres à scandaliser les bien-pensants, cette danseuse à l'exotisme sulfureux avait effectivement entretenu des relations troubles avec les services secrets allemands. Mais, incapable de recueillir le moindre renseignement digne de ce nom et, à plus forte raison, de jouer un double jeu lorsqu'elle était passée au service de la France, elle fut immolée sur l'autel de la raison d'État, à un moment critique de la Première Guerre mondiale où jeter en pâture à la foule une espionne de haut vol permettait de faire oublier à l'opinion publique l'impasse sanglante dans laquelle s'étaient enfermés les belligérants. C'est cette machination que démonte ici Léon Schirmann, après des années de recherche et à la lumière des pièces des archives françaises et étrangères qu'il est le premier à avoir analysées de façon exhaustive. Chercheur rigoureux, Léon Schirmann fait définitivement litière des innombrables légendes qui ont depuis toujours déformé l'histoire de Matat-Hari. Son livre prouve de plus que la réalité est infiniment plus forte que la fiction : héroïne émouvante d'une véritable tragédie classique, livrée à l'implacable cruauté d'un "deus ex machina" qui aurait revêtu l'uniforme de l'armée française, Mata-Hari saura mourir avec un courage et une dignité qui forcèrent l'admiration de ceux-là même qui avaient joué sa vie.
de Léon Schirmann (Auteur)
Broché: 319 pages
Editeur : Italiques; Édition : Version définitive, rev. et augm (29 octobre 2001) Collection : Documents Actua